Kimono – le kurotomesode

À quoi ressemble un Kurotomesode ?

Le kurotomesode est un des kimono les plus reconnaissables ! Pour l’identifier, il suffit d’observer les trois points suivants :

  • Un motif situé exclusivement sur la partie inférieure du vêtement : rien sur les manches ou sur le buste.
  • Une base noire : “kuro” signifie “noir” ; si la base est de toute autre couleur, vous êtes face à un irotomesode.
  • Cinq kamon (sceaux familiaux) : ceux-ci sont situés au milieu du dos, à l’arrière des manches et à l’avant des épaules.

Le caractère luxueux et festif du vêtement saute aux yeux, le motif combinant en général richesse symbolique (les éléments représentés ont une dimension porte-bonheur) et richesse textile (il n’est pas rare que les pièces soient peintes à la main, rehaussées de fil d’or, etc).

Comment le porte-t-on traditionnellement ?

Comme le laissent supposer ses cinq kamon et son apparence fastueuse, le kurotomesode est un kimono extrêmement formel. Tellement formel, à vrai dire, que les occasions de le porter sont rares, la plus courante étant de célébrer le mariage d’un de ses enfants ou petits enfants. Dans ce contexte très protocolaire, il est généralement porté de la manière suivante :

Analysons cet ensemble de haut en bas :

  1. Voyez vous le liseré blanc qui suit la courbe du col jusqu’au obi ? Il s’agit du hiyoku, qui donne l’illusion d’une couche supplémentaire entre le juban (la sous-couche qu’on aperçoit contre le cou du personnage) et le kimono. On le trouve aujourd’hui sur la plupart des tomesode quelle que soit leur couleur.
  2. Les cinq kamon qui ornent le haut du kimono (symbolisés dans cet article par des points blancs) doivent correspondre au sceau familial de la personne vêtue. Il en existe des centaines ! Certains kamon comme le paulownia ou la feuille de lierre peuvent être portés par n’importe qui, ils sont donc privilégiés pour les kimono de location.
  3. Pour accompagner un kurotomesode, on choisit un maru obi ou un fukuro obi dans les tons or, argent, ou blanc. Le nœud le plus courant est sans conteste le nijûdaiko (variante formelle du otaiko). Bien que ce ne soit pas spécialement le cas sur l’illustration, il est généralement recommandé d’assortir un kurotomesode aux motifs subtils à un obi aux motif plus graphiques, ou inversement.
  4. Le obijime et le obiage sont en règle générale blancs avec des accents or ou argent.
  5. Aux pieds, on porte des tabi blanches et des zôri dans les tons or, argent ou blanc.

Un kurotomesode vintage est-il seulement portable ?

Le kurotomesode est à la fois l’un des kimono les plus luxueux et un de ceux qu’on retrouve le plus dans les friperies japonaises. Comment expliquer ce paradoxe ? C’est simple : les pièces d’occasion sont quasiment importables dans les seuls contextes qui justifient leur utilisation.

Comme cet article le détaille plus haut, le kurotomesode est destiné à être porté lors d’évènements très formels par des invitées d’honneur (elles-même mariées, de surcroît), si bien que le résultat attendu est très codifié. Les personnes qui désirent en porter un pour ce type d’occasion cherchent un kimono en parfait état, idéalement ajusté à leur taille, et orné de leurs propres sceaux familiaux (pas ceux de la propriétaire précédente). Autant dire que ces conditions sont difficiles à remplir avec des articles de seconde main !

Par ailleurs, les pièces les plus anciennes (avant-guerre) présentent des différences significatives avec la forme moderne du kurotomesode : elles ne disposent pas de hiyoku, ont des manches beaucoup plus longues que ce qui est considéré comme standard aujourd’hui, et leur doublure rouge passe difficilement inaperçu. Pour toutes ces raisons, ils sont considérés comme plus ou moins importables tels quels en situation formelle.

Alors que faire ? Laisser ces somptueux vêtements se faire dévorer par les mites ?

Il est bien sûr possible de les découdre pour les transformer en autre chose ! Mais lorsque les pièces sont encore en état d’être portées (ce qui est le cas des kimono proposés sur ce site, sauf mention contraire), pourquoi s’en priver ?

Comment porter le kurotomesode de façon non traditionnelle ?

Du fait de la grande beauté des kurotomesode de seconde main et du fait qu’il soit facile de s’en procurer à faible coût (contrairement aux pièces neuves), de plus en plus de gens au Japon et dans le monde cherchent des astuces et des prétextes pour les porter hors contexte, libérés du poids des règles de formalité stricte qu’exige leur usage premier, en se démarquant le plus clairement possible de l’allure “mariage”.

Voici quelques conseils si vous souhaitez faire de même :

  • Dépassez les barrières de genre / d’âge / etc : vous n’êtes pas une femme ? Vous n’êtes pas marié(e) ? Théoriquement, vous êtes privé(e) de kurotomesode. Sacrément dommage, non ? Tant qu’à mettre les codes de côté, autant commencer par ceux là. Au passage, un article sur les différentes manières de porter un kimono “féminin” de manière “masculine” (malgré les différences de coupe propres aux deux vestiaires) est en préparation.
  • Cachez votre jeu : un kurotomesode ? Où ça ? Nous l’avons dit plus tôt, un kurotomesode se distingue par son motif uniquement sur la partie basse et ses cinq kamon sur la partie haute. Si vous portez un haori, vous pouvez d’un seul coup porter votre kimono comme s’il s’agissait d’un hômongi sur fond noir… Soit un kimono moins formel, et portable en davantage d’occasions. Un œil averti ne s’y trompera pas, mais ça reste une manière efficace de déclasser visuellement la tenue tout en conservant une allure traditionnelle.
  • Cassez le code couleur : obi doré/argenté, accessoires dorés/argentés… Difficile d’oublier la formalité du vêtement quand on est habillé comme une véritable malle aux trésors ! Pourquoi ne pas chercher une palette différente, en s’appuyant par exemple sur les autres couleurs présentes dans le motif, ou au contraire en cherchant un effet de contraste ?
  • Faites preuve d’originalité : un article sur les mille et une manières décalées de porter le kimono est en préparation. N’hésitez pas à vous en inspirer ! Tout ce qui s’éloignera de la silhouette classique contribuera à voir le kurotomesode sous un nouveau jour.

Et vous, comment allez vous porter le kurotomesode ?
N’hésitez pas à taguer @tanpopo.fr sur instagram pour nous montrer vos coordinations, classiques ou audacieuses !

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